J'attends le père Noël

23 décembre 2007

Oui, il est bientôt minuit et j’attends le Père Noël. L’année dernière je ne l’ai pas vu, car je n’étais pas encore né, mais je sais – car les chats savent tout – qu’il viendra dans peu de temps apporter plein de cadeaux pour la famille. Dans une vie antérieure. Comment ? Vous ne savez pas qu’un chat à neuf vies ? Donc, je reprends, dans une vie antérieure, j’étais un chat royal et était adoré par toute une famille qui vivait dans un lieu où il y avait beaucoup de lumière et beaucoup de dorure et ainsi qu’une foule de personnes. Mais ce n’était pas la lumière de maintenant, non ! L’autre était plus jaune et me faisait parfois tousser. J’avais d’ailleurs interdiction de m’en approcher, car elle brûlait. Dans l’autre vie, ces drôles de lumières qui tremblotaient en haut d’un bâton jaune, fumaient quand on les éteignait, et me faisaient tousser, car elles dégageaient une odeur pas agréable. J’avais même mes jolis yeux bleus qui pleuraient. D’ailleurs, le jour de Noël ne se passait pas comme aujourd’hui. La famille chez qui j’habitais partait le soir et revenait beaucoup plus tard, mais il n’y avait pas de cadeaux comme aujourd’hui. Ils parlaient tous d’aller prier pour la naissance d’un petit enfant. Leurs habits sentaient de drôles d’odeurs, un peu comme la lumière qu’ils éteignaient et rallumaient sans arrêt le soir. Je préfère la vie de maintenant, car les lumières s’allument toutes seules en caressant le mur. Cela fait d’ailleurs un drôle de bruit et hop, la pièce où tout le monde se retrouve s’illumine. Il n’y a pas de coins d’ombre et moi j’ai un peu peur des coins d’ombre, malgré ma vue de chat. Dans l’autre vie, les coins d’ombre étaient dangereux. Il y avait souvent des pièges. Parfois, je voulais me cacher dans ces coins sombres, mais il y avait déjà quelqu’un qui était derrière un paravent ou un grand rideau. Je sentais que cette personne se cachait pour faire des choses vilaines. Je le sentais aux vibrations de ses pensées. Alors, je me sauvais et aller me blottir sur les genoux de la petite fille qui m’aimait bien. Moi aussi, je l’aimais bien. Parfois, elle me mettait des rubans de couleur autour du cou mais ne serrait pas trop fort. Elle jouait avec moi autant qu’avec ses poupées. Mais ses poupées étaient très fragiles et se cassaient quand elles tombaient. Alors, elle pleurait. Moi, je ne me cassais pas quand je tombais, car je retombais toujours sur mes pattes. Les enfants de cette vie jouent moins avec moi mais me respecte plus. Il ne me mettent pas des habits de poupée, ils me parlent gentiment, ne me bouscule pas. D’ailleurs, la maman de ces enfants veille à ce qu’ils me respectent. Un jour un des enfants s’est fait grondé car il m’avait marché sur la patte. J’ai beaucoup crié, car j’ai eu peur, mais en fait il ne m’avait pas beaucoup touché. Lui aussi, il a eu peur et pleurait car il croyait qu’il m’avait fait très mal. La maman criait après son enfant, moi je criais et crachais, caché sous le divan et le père quand il est entré dans la pièce s’est mis aussi à crier. Et puis, tout le monde s’est arrêté de crier et ils ont éclaté de rires, car dans cette famille on chante et on rit beaucoup. Une petite main m’a retiré de dessous le divan et m’a couvert de baisers. C’était le petit garçon ; il a ensuite regardé ma patte et a vu qu’elle n’était pas blessée. Il a m’a mis un baiser sur la patte et a joué avec moi en me lançant ma petite balle en mousse. J’aime bien ma vie de maintenant. Ce soir, j’attends donc le Père Noël – c’est le petit garçon qui m’en a parlé – il m’a regardé dans les yeux d’un air sérieux et m’a dit que cette nuit était la plus belle nuit de l’année. Qu’un grand monsieur habillé de blanc et de rouge, allait déposer plein de cadeaux au pied de l’arbre. Oui, celui-là qui est posé dans le coin de la pièce et qui est décoré avec des boules et des petites choses qui pendent et font du bruit. Parfois, le soir, il y a des lumières de toutes les couleurs qui sont emmêlées dans ses branches et clignotent. Quand je le regarde trop longtemps, mes yeux clignotent aussi. D’ailleurs, en voulant attraper ces jolies choses qui brillent j’ai failli faire tomber le sapin. Il a tremblé, mais heureusement que le père était dans la pièce et a retenu le sapin. Il l’a ensuite mis dans un grand seau plein de terre, pour que cela ne recommence pas. Il a agité un doigt devant mon nez en disant quelque chose, mais je sais bien que si je recommence, ils vont tous rire aux éclats. Ils aiment bien mes bêtises quand je joue. Un soir, ils regardaient la boîte qui s’allument et où des images défilent et ne m’ont pas vu monter sur le tronc du sapin. J’étais fier car je suis arrivé presque tout en haut, mais une grande main m’a attrapé et m’a remis sur le tapis du salon. La même main m’a donné une tape sur mon arrière train, mais je n’ai pas eu mal et suis parti en courant comme un fou, pour revenir à la même allure, traversant la pièce comme un fou. Je suis reparti comme un fou me cacher derrière les chaussures de la famille et après plusieurs manèges de ce genre, je me suis senti très fatigué. Oui, au fait pourquoi ont-ils tous mis leurs chaussures dans le salon ? Je me suis donc caché dans la plus grande et comme j’étais fatigué, je me suis endormi car elle sentait bon le cuir et était toute douce. Bizarrement, le matin je me suis retrouvé dans le lit du petit garçon. J’aime bien dormir avec lui, car avant notre sommeil, il me raconte plein de d’histoires et moi je m’endors en ronronnant. Donc là, pas question de m’endormir, j’attends le Père Noël. Auparavant, j’ai ronronné tout doucement dans les bras de mon petit ami et quand il s’est endormi, je me suis glissé tout doucement hors de sa chambre, sa porte restant toujours entr’ouverte, et me suis posté là où vous me voyez. Je suis sûr que je ne vais pas le louper. J’ai hâte de déchirer le beau papier brillant et les nœuds qui garniront mes cadeaux.

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